- ÉMIR
- ÉMIRÉMIRDu mot arabe am 稜r : celui qui est investi d’un commandement, commandant, chef. Le titre est porté, sous les premiers califes, par les chefs d’armée qui le gardent en devenant gouverneurs des provinces conquises. Sous les Umayyades, l’émir a dans sa province une autorité semblable à celle du calife, directeur de la prière, chef de l’armée, de l’administration, de la justice. Son pouvoir est peu à peu limité, d’abord par la nomination d’un ‘ mil , puis, sous les ‘Abb sides, par celle d’un q d 稜 , désignés tous deux directement de la capitale. Certains émirs nommés par les califes forment dans leur province de véritables dynasties et acquièrent une très large autonomie (par exemple, au IXe siècle, les Aghlabides et les ヘ hirides). D’autres prennent le pouvoir et sollicitent ensuite l’investiture du calife pour le légitimer, ainsi les プaff rides (IXe s.) et les Ghaznawides (fin Xe-XIe s.). Dans les États issus de la décadence du califat, chez les Ayy bides par exemple, le titre d’am 稜r est porté par les chefs militaires. (Dans l’empire ottoman, on trouve ce titre sous la forme m 稜r ; il est porté par le commandant en chef et le gouverneur général d’une province.)Le terme d’am 稜r entre dans plusieurs titres officiels du calife et de certains hauts fonctionnaires. Ainsi l’am 稜r al-mu‘min 稜n («commandeur des croyants») est, depuis ‘Umar, le titre protocolaire du calife (pour le chef d’une dynastie, revendiquer ce titre implique qu’il se pose en prétendant au califat, ce que font les F レimides, les Umayyades d’Espagne, les Almohades); en revanche, le titre d’am 稜r al-muslim 稜n («commandeur des musulmans»), que s’attribuent les Almoravides, implique une reconnaissance, au moins nominale, de la souveraineté ‘abb side; l’am 稜r al- ムadjdj est le chef de la caravane des pèlerins de La Mekke; l’am 稜r al- mar ‘ est, sous les ‘Abb sides, le chef de l’armée, qui, lors du déclin du califat se fait attribuer, en 936, la totalité du pouvoir et assume, pour le compte du calife, la direction de l’État. On peut citer également: l’am 稜r kk r (sous les Maml k, surveillant des écuries royales); l’am 稜r d d (sous les Saldj ャides, ministre de la Justice); l’am 稜r al -kab 稜r (sous les Maml k, commandant en chef); l’am 稜r madjlis (sous les Saldj ャides d’Asie Mineure et les Maml k, maître des cérémonies); am 稜r sil ム (sous les Maml k, surveillant de l’arsenal).• XIIIe; ar. amîr→ amiral1 ♦ Titre honorifique donné autrefois au chef du monde musulman (⇒ calife), puis aux descendants du Prophète.2 ♦ Prince, gouverneur, chef militaire arabe. L'émir Abd el-Kader.♢ Spécialt Chef d'État d'un émirat. L'émir du Koweit.émirn. m.d1./d Titre attribué autref. aux descendants de Mahomet.|| Nom donné à certains chefs, souverains ou princes, dans les pays musulmans. En Mauritanie, l'émir, notable investi de la tradition, assumait le pouvoir politique et militaire. L'émir du Koweït.d2./d (Maghreb) En Algérie, chef d'un groupe islamiste armé.⇒ÉMIR, subst. masc.Titre porté autrefois et actuellement par des personnages importants du monde musulman, turc et arabe.— Descendant de Mahomet et particulièrement chef du monde musulman au début de l'hégire. Les émirs descendent de Mahomet par les femmes (Ac. 1798-1878).— Officier; chef d'une tribu, d'un territoire. Un messager de l'émir des Arabes de Balbek (LAMART., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 178). Antioche (...) appartenait à l'émir turc Yâghi Siyân, qui était vassal du roi seldjoukide d'Alep, Ridwân (GROUSSET, Croisades, 1939, p. 31).— Émir des pèlerins. Personnage commandant les caravanes de pèlerins se rendant à La Mecque. Sous les pas du cheval de l'émir des pèlerins (NERVAL, Corresp., 1830-55, p. 130).Prononc. et Orth. :[
]. Ds Ac. 1762-1932. Ds la docum. on rencontre la graph. émyr (cf. GOBINEAU, Nouv. asiat., 1876, p. 341; LECONTE DE LISLE, Poèmes trag., 1886, p. 3). Étymol. et Hist. 1. XIIIe s. « chef de province ou de tribu » (G. DE TYR, Roman d'Eracle, éd. P. Paris, t. 2, p. 63 : mès leur chevetaines, que il claiment Emir en leur langage); 2. 1575 « titre des descendants de Mahomet » (THEVET, Cosmogr. I, 14 ds HUG.). Empr. à l'ar. '
, « chef, commandant; prince, émir » dér. de 'amara, « ordonner, commander » (FEW t. 19, pp. 4-6; LOK. n° 69). Fréq. abs. littér. :333. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 862, b) 158; XXe s. : a) 240, b) 450.
DÉR. Émirat, subst. masc. Dignité, fonction d'émir; territoire gouverné par un émir. À la mort de son père, l'émirat était revenu à son frère aîné (THARAUD, Les Mille et un jours de l'Islam, II, 1938, p. 15). Sur les terres de l'émirat arabe de Tripoli (GROUSSET, Croisades, 1939, p. 74). — []. — 1re attest. 1938 (THARAUD, loc. cit.); de émir, suff. -at. — Fréq. abs. littér. : 3.
BBG. — RICHARD (J.). B. de l'Éc. des Chartes 1960, t. 118, pp. 325-327.émir [emiʀ] n. m.ÉTYM. XIIIe, rare jusqu'au XVIe; arabe ’ǎmīr « prince, commandant ». → Amiral.➪ tableau Mots français d'origine arabe.❖1 Hist. Titre honorifique du chef du monde musulman (⇒ Calife), puis des descendants de Mahomet.1 Ce titre ne se donnait d'abord qu'aux califes (…) Dans la suite, les califes ayant pris le titre de sultans, celui d'émir demeura à leurs enfants, comme celui de césar chez les Romains. Ce titre d'émir, par succession de temps, a été donné à tous ceux qui sont censés descendre de Mahomet par sa fille Fatima, et qui portent le turban vert.2 Prince, gouverneur, chef militaire. || L'émir Abd-el-Kader. — Spécialt. Chef d'État d'un émirat (2.).2 Le cheik-ul-islam en manteau vert, les émirs en turban de cachemire, les ulémas en turban blanc à bandelettes d'or (…)Loti, Aziyadé, II, XIII, p. 54.❖DÉR. Émirat.
Encyclopédie Universelle. 2012.